Accros aux écrans, lâchez votre smartphone ou votre tablette pour votre téléviseur le 18 janvier. "Envoyé spécial" vous montre les ravages des pratiques numériques sur votre cerveau – et tout d'abord sur celui des enfants et adolescents. Voici un extrait.
Les scientifiques sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à l'addiction des plus jeunes aux médias numériques. Est-ce que ces pratiques modifient le cerveau ? "Absolument, répond sans hésiter le Dr Kardaras, interrogé par "Envoyé spécial". Il y a une douzaine d'expériences d'imagerie cérébrale qui montrent que le cortex frontal rétrécit si vous passez trop de temps devant les écrans." Ce psychologue expert en addictologie a écrit un livre sur l'addiction et les enfants qui a réveillé les Etats-Unis. Il va jusqu'à parler d'"héroïne numérique" dans un de ses ouvrages.
Quelles sont les conséquences de cette modification ? "Une personne qui a un cortex frontal rétréci et moins de matière grise devient plus impulsive, plus sujette aux addictions, plus agressive, développe le Dr Kardaras. Elle ne prend pas de bonnes décisions. Ses capacités aux enchaînements logiques sont altérées."
Cortex frontal rétréci, lobe frontal affaibli...
Depuis cinq ans, les études sur l'impact des pratiques numériques sur le cerveau sont de plus en plus précises. La plus spectaculaire a été réalisée en Chine. Un scanner cérébral a été pratiqué sur une quinzaine d'adolescents présentant une addiction à internet – un fléau national, l'un des tout premiers problèmes de santé publique. Sur l'imagerie, dans les quinze jeunes cerveaux, des zones en rouge bien visibles montrent les voies cérébrales rétrécies, où la communication est très fortement ralentie. La circulation des fluides est altérée. Ces défauts de connexion peuvent causer des symptômes évoquant l'autisme ou les troubles bipolaires.
Pourquoi, même en connaissant ces dangers, est-il si difficile de s'arrêter ? Gary Small, neurologue un spécialiste du cerveau, l'explique : "Il y a une partie du cerveau appelée le lobe frontal. C'est le cerveau de la pensée. Il ordonne au circuit de la dopamine [l'hormone du plaisir… et de la dépendance] : 'Ça suffit, tu devrais arrêter, parce que ça bousille ta vie !' Mais parfois, le lobe frontal est affaibli par ces pratiques…"
Extrait de "Accros aux écrans", un reportage diffusé dans "Envoyé spécial" le 18 janvier 2018.
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